» Je ne me sens pas précisément l’âme d’une jeune fille qui fait ses débuts dans le monde, mais un premier raid, pour un pilote, c’est un peu la griserie d’un premier bal » s’exclame Paul Codos à l’aube de se lancer dans l’aventure.
De l’Indochine, il en rêve !
– Que dirais-tu d’un voyage en Indochine ? Question pertinente posée par Dieudonné Costes à Paul Codos qui se fige à cette idée. Il n’ose croire à la chance, lui qui, secrètement, caressait le rêve d’un Paris-Saïgon-Tokio avec un bimoteur Blériot dont le projet était tombé à l’eau. L’aviation Civile ne souhaitait pas porter le chapeau !
Le 19 février 1929, à 17 h 40, malgré une météo incertaine avec un Breguet 14 biplan, moteur Hispano-Suiza de 550 CV, baptisé « Dragon d’Annam » Costes, Codos, second pilote et Bellonte, mécanicien décollent du Bourget pour un Paris-Hanoï. Selon Costes, ils mettront trois jours et demi pour atteindre l’Indochine.
A 500 mètres d’altitude, le moteur du « Dragon d’Annam » tousse, l’hélice s’arrête. Costes qui en vu d’autres, décide de se poser. A l’approche de la terre ferme, le « Dragon d’Annam » heurte un pylône. Il s’écrase le long du terre-plein de la ligne ferroviaire Paris-Strasbourg, à quelques kilomètres de Bondy. Costes et Bellonte s’en sortent avec quelques contusions. Paul Codos est coincé dans l’amas de ferrailles. Il souffre d’une foulure à une cheville, de déchirures musculaires et de douleurs dorsales. Le rêve de son premier bal s’envole. Ce sera deux mois d’hôpital ! Le 15 décembre 1929, Codos et Costes décident qu’en janvier-février 1930 avec un Breguet-Bidon, baptisé le « Point d’interrogation » dit le « Rouge » par sa couleur, moteur Hispano-Suiza de 600 CV, qu’ils s’attaqueront, aux records de vitesse en circuit fermé Narbonne-Nîmes. Chose dite ! Ils voleront 23 heures et 22 minutes, couvrant 8029 kilomètres. La France est détentrice du plus grand trophée aérien. Les deux noms s’inscrivent au tableau des palmarès internationaux. Ils clouent au pilori, les Allemands et les Italiens : Ferrarin et Del Prete qui, précédemment, avaient parcouru 7666 kilomètres. Crash du Dragon d’Annam près de Bondy
L’Atlantique Nord lui échappe !
Le 23 juillet 1930, avec le « Point d’interrogation », Codos est pressenti à un grand raid au-dessus de l’océan Atlantique en direction de New York. A la veille du départ, il est écarté… Dans le calcul de poids, un second pilote n’est pas prévu. Codos est déçu. L’équipage reste formé de Dieudonné Costes et de Maurice Bellonte, radio navigant. Costes, calculateur, prévoit un trajet de 6310 kilomètres à effectuer en 36 heures.
Les conditions météorologiques ne sont pas au beau fixe. Qu’importe ! Le départ est prévu du Bourget pour le 1er septembre. Après 37 heures et 17 minutes de vol, les roues du « Point d’interrogation » se posent sur le terrain américain de Curtiss Field. Le raid est homologué. La bataille de l’Atlantique est gagnée.
Le 4 février 1931, Codos est nommé chef pilote adjoint à Air-Union. Deux ans plus tard, la Compagnie fusionne avec Air France. Elle inaugure les lignes Paris-Rome et Paris-Madrid. Paul Codos fait partie du voyage. Ô ! Ce n’est pas la panacée. Son rêve est invariablement celui d’effectuer des raids et de records.
En juillet 1931, Costes étant appelé à d’autres tâches, confie le « Point d’interrogation » à Codos. Le 11 septembre 1931, le « Point d’interrogation » est fin prêt. Paul Codos s’attaque au Paris-New York avec Henri Robida, navigateur. Codos et Robida devancent en 37 heures de vol, Costes et Bellonte. Ils remportent le record du monde de longue durée d’un seul coup d’aile, sans escale
L’Orient, une autre aventure !
Ah ! L’orient. Une aventure qui donne le vertige ! Paul Codos s’aligne sur l’une des pistes du Bourget. Il n’est pas seul en lice. Des pilotes aguerris tel que Joseph-Le-Brix, Doret et Mesmin sur un Dewoitine baptisé le « Trait d’union » ont la même ambition. Dès le décollage, le « Point d’interrogation » tient ses promesses, il est régulier dans l’altitude voire une vitesse supérieure sur ses concurrents. Calme plat, enfin presque jusqu’au-dessus de la Ruhr. Codos franchit la frontière allemande lorsqu’il entend des bruits suspects sous le capot. Il constate une baisse de régime. L’altimètre fait son boulot. Il indique que l’avion est en train de s’enfoncer. Ceci ne présage rien de bon. Codos vidange les réservoirs. Il faut sauver l’appareil. Une terre cultivable, près de Düsseldorf, fera l’affaire. Codos a la rage et Robida… les larmes. Tant d’efforts anéantis en quelques minutes. Une fois à terre, Codos apprend que le « Trait d’union » s’est abattu sur les monts Oural. Doret avait donné l’ordre de sauter en parachute. Il est seul à y parvenir. Le « Trait d’union » emporte Joseph-Le-Brix et Mesmin. Une autre nouvelle parvient aux oreilles de Codos. Le « Point d’interrogation » serait mis à la retraite. Adieu, les amis. Adieu, « le Rouge? »
Le 4 janvier 1932, Codos et Robida récidivent. Avec un Breguet 330, équipé d’un moteur Hispano-Suiza de 650 CV, ils se posent le 11 du mois à Hanoï. Le 23 janvier, au retour, ils ont battu le record Indochine-France qui était détenu par Costes et Bellonte. Dieudonné Costes, beau joueur, salue cette performance. Paul Codos est épuisé, il est admis pour un séjour à l’hôpital. Ce n’est que le 10ième.