Record de vitesse des traversées aller-retour

© Jean-Marie Gérard – Record de vitesse des traversées aller-retour

Missions « Atlantique »

Le 16 février 1936, Codos-Rossi se lancent sur un Paris-Santiago. Une fois dans les airs un navrant constat, le fuselage du « Joseph-Le-Brix » est couvert d’huile moteur. Codos, vaincu par les éléments ? Au-dessus de l’océan Atlantique, il fait demi-tour et il pose l’avion sur le terrain de Porto-Praïa [Iles du Cap-Vert].

Philosophe notre héros, il estime : « Il ne faut jamais abandonner sur une impression mais seulement devant l’évidence de l’impossible. »

Le 13 avril 1936, Codos est nommé chef pilote à Air France. La Compagnie qui n’apprécie guère la concurrence étrangère charge Codos de conduire sur les Iles des Acores, M. Louis Castes, adjoint de M. Couhé, administrateur, directeur général d’Air France Transatlantique. Il est question de découvrir un terrain d’escales pour une ligne France-Amérique du nord. Les négociations traînent en longueur. Les Américains ont le dernier mot et ils installent « leur base » à Lagens. Une belle occasion ratée par la France.

Le 20 août 1937, Codos ne désarme toujours pas. Avec Maurice Arnoux, second pilote et Louis Agnus, radio-mécanicien à bord d’un Breguet « Fulgur » baptisé « Raoul Ribière », il s’impose en tête de la course de vitesse Istres-Damas-Paris. Le compteur affiche 6190 kilomètres à une moyenne horaire de 308 kilomètres à l’heure.

Dans la foulée, avec Laurent Guerrero, second pilote et Salvat, navigateur, Codos effectue avec un Farman 2220, sa première traversée de l’Atlantique Sud. Il bat le record de vitesse des traversées aller-retour Dakar-Natal en défiant le « Pot au Noir » qui ne s’était pas privé à secouer l’équipage. Ce nouveau record distance de 3 heures les avions « Centaure » et de 6 heures, les hydravions « Latécoère 300 » dont un est baptisé la « Croix-du-Sud ». L’hydravion avec lequel, le 7 décembre 1936, Jean Mermoz disparaissait.

Du 20 au 22 novembre 1937, sur Farman 2240 baptisé le « Laurent Guerrero » du nom d’un pilote disparu deux mois auparavant, Paul Codos, Marcel Reine, qualifié par Codos de Joyeux pilote, Léo Guimé, radio et Edmond Vautier, mécanicien effectue sous un ciel plombé la liaison Paris-Buenos Aires en 58 heures et 40 minutes. Le Ministre des affaires étrangères en Argentine tout en rendant un hommage à l’équipage, observe : « Il faut s’attendre à une lutte âpre entre les Nations européennes pour la maîtrise de l’Atlantique Sud. » Il se prépare une guerre mondiale. Ce n’est plus celle des tranchées mais celle de la conquête de l’espace aérien.

Bréguet 470 "Fulgur" - Photo © Jacques Moulin

Bréguet 470 « Fulgur » Photo © Jacques Moulin

Derniers vols ?

Le 1er avril 1938, Paul Codos est nommé Inspecteur général d’Air France, chef de Services Aériens Transatlantiques. Il devient le concepteur des cabines étanches pour les vols à haute altitude. Il est un rampant. La seconde guerre mondiale est déclarée, la mobilisation des français s’organise. Paul Codos attend. Ô ! Pas longtemps. Un soir d’octobre 1939, il est convoqué par l’Amirauté. L’Etat Major est sur les dents. Le Capitaine Codos est désigné pour une mission de guerre. Il prend les commandes d’un Farman stratosphérique baptisé le « Flammarion ». A ses côtés, Henri Guillaumet, second pilote ; Comet, navigateur ; Néri, radio ; Cavaillès, mécanicien et le commandant Daillière qui se joint à l’équipage. Il s’agit d’une reconnaissance au-dessus de l’Atlantique Sud. Les cuirassés de poche allemands « Graf Spee » et « Von Scheer » mettent à mal la marine marchande. Un pétrolier est signalé coulé au large de Natal.

Le 25 mai 1940, Paul Codos est intégré pour trois mois chez Air France dans une affectation spéciale [Mission Jules Verne]. Avec l’hydravion le « Ville-de-Saint-Pierre », Paul Codos, Jean Dabry, Fernand Rouchon, Lucien Regnier, Chapaton, Coustaline et Mari donnent dans l’humanitaire. Ils ont l’ordre d’approvisionner depuis Marseille, les aviateurs français isolés à Djibouti et Madagascar. Nos militaires manquent cruellement de denrées alimentaires, d’appareillages médicaux et de produits médicamenteux.

Tout a une fin, le 3 juillet 1940 Paul Codos est démobilisé. Le 8 août 1950, conformément au Journal Officiel, le capitaine Paul Codos est rayé des cadres. Il se retranche au 5 Villa Montcalm, Paris 18ème. Il n’est pas fiché dans le « bottin mondain ».

Notre Thiérachien totalise sur toute sa carrière de pilote-aviateur : 7598 heures 48 minutes en vol dont 135 durant la guerre 14-18 et 75 h 39 minutes lors du second conflit. En octobre 1943, il rentre dans la résistance dans le réseau B.C.R.A comme agent de renseignements.

Il est arrêté par la gestapo. Rapidement libéré, il rejoint l’Armée de libération. En janvier 1952, la retraite civile sonne à sa porte, il en profite huit ans et c’est le repos éternel.