Le 20 juin 1920, Paul Codos reçoit une lettre qui l’invite à se présenter à la Compagnie des Messageries Aériennes. Débordement de joie ! – C’était oui ! J’avais gagné ; bien des dates s’étaient estompées mais pas celle du 20 juin 1920. Mon grand rêve d’après guerre se réalisait. J’avais le ciel pour domaine. » Il accepte d’être convoyeur d’avions « Breguet 14 » entre le camp d’Avord et d’Istres. L’aventure sera de courte durée, il est prié de plier bagage. La Compagnie des Messageries Aériennes s’éteint. Déception pour notre homme.

Vols de nuit

En 1921, Doroman, virtuose de l’hélice calée, administrateur des Aérostransports Ernoult lui propose d’entrer dans sa Compagnie pour assurer les liaisons quotidiennes Bordeaux-Toulouse-Montpellier. Il fait la connaissance de Dieudonné Costes dit « Dedieu », l’as de la guerre d’Orient. Ces deux monstres sacrés feront, quelques années plus tard, route ensemble. L’Aérotransports, sans crier gare, fait faillite. Codos est mis sur banc de touche.

Année 1932. De gauche à droite, Henri ROBIDA et Paul CODOS

Année 1932. De gauche à droite, Henri ROBIDA et Paul CODOS

Deux mois passent. C’est Pierre Ducat, directeur de la Société Réseau Aérien Tran-safricain qui l’accueille sur ses lignes Alger-Biskra-Toggourt. Les survols du désert ne sont pas sans risque. Le matériel est vieux ! Lors d’une liaison de routine, l’avion piloté par Codos s’écrase près de Biskra. Notre thiérachien est grièvement blessé au visage et aux membres. Il est cloué sur un lit d’hôpital durant sept mois. Le diagnostic des chirurgiens est réservé. Codos resterait estropié à vie. Erreur !

Une fois sur pieds, l’avenir ne lui sourit pourtant pas. La société est en liquidation, il n’a plus sa place dans les rangs du Réseau. En 1924, il rentre à la Compagnie Aérienne Française dont la spécialité est l’organisation de meetings aériens. Faute de mieux, Codos s’engage sur cette voie. Puis, c’est Air-Union qui lui tend une main. Codos signe le contrat qu’il reçoit de Noguès, chef pilote et codirecteur de France-Roumanie. Présenté à Bajac, chef pilote, aviateur de guerre, Paul Codos dira : « Visage avenant et doux que la blancheur de ses cheveux rendait encore plus aimable, de surcroît gentleman. »

Le 27 janvier 1926, avec un avion Farman biplan baptisé le « Goliath » de deux moteurs Salmson de 260 CV, Codos et Agnus assurent les premiers vols de nuit pour des transports de fret sur la ligne Paris-Londres et l’année suivante, sur celle de Londres-Marseille. Codos qui ne tarit pas d’éloges observe son compagnon : « Combien de fois ai-je secrètement admiré le calme et l’habilité d’un équipier comme Agnus ! Taillé en athlète, sa force n’avait d’égale que sa douceur. »

Au cours d’un vol de nuit, le « Goliath » marque un brusque changement de régime. Rouyer, mécanicien, a tout compris. N’écoutant que son courage, il s’extirpe du poste de pilotage et, en s’accrochant aux haubans, il atteint le moteur. Codos surpris, réduit la vitesse. Rouyer sort de ses poches une pince, du chatterton, du fil de fer. En mécanicien averti, il emploie le « système D » et il rafistole la tuyauterie défaillante. Codos a eu la peur de sa vie et il explose : – « Tu es complètement fou ! Criai-je pour dire quelques chose. » Notre équilibriste, de retour à son poste tout tremblant, hausse les épaules.

Nostalgie du pays qui l’a vu naître !

Paul Codos, confiné au 6ième étage dans une modeste chambre d’hôtel à Paris 18ième vient régulièrement se ressourcer en Thiérache, enfourchant sa sacrée bécane : Pas n’importe quel engin, une grosse Harley Davidson.

En septembre 1928, il est l’invité d’honneur pour la grande manifestation des sports mécaniques organisée par l’Union Commerciale d’Hirson. Cette fête se tient au « Champ- Roland » où se déroule un meeting aérien. Paul Codos se prête volontiers au spectacle des deux trapézistes, Roland Toutain et Maryse Hilz qui, suspendus par les pieds sous la carlin-gue, décrochent des fanions. Notre virtuose du manche à balai dira : « C’est du cirque ».

Ce type de manifestations n’est pas sa « tasse de thé ». L’aventure dont il rêve, c’est d’effectuer des raids et de battre des records. Il doute. Ne serait-il qu’un pilote de ligne ? Il ne serait pas admis dans la cour des « grands » ?