La glorieuse épopée de deux hommes
Le 4 août 1933, l’Atlantique Nord lui tend les bras. Le monomoteur Blériot, moteur Hispano-Suiza de 500 CV, baptisé le « Joseph-Le-Brix » est transporté en pièces détachées jusqu’à New York, à bord du bateau « Champlain ». Le 5 août, les mécaniciens font fort, le « Joseph-le-Brix » est remonté. Maurice Rossi et Paul Codos décollent vers 6 heures du matin de l’aéroport de Floyd-Bennet sous le regard de la statue de la Liberté. Les Yankees sont éberlués : « Des Français entreprennent le vol le plus ambitieux qui n’ait jamais été réalisés. »
Le 6 août, à 22 heures 20, s’effectue le passage au-dessus du Bourget. La première partie est bouclée, soit 5800 kilomètres en 33 heures et 40 minutes. Sur le tarmac, Mmes Codos et Rossi, ont forte émotion. Paul Codos déclare : « Des moments intenses.
Le premier acte du voyage était joué et gagné. Au-dessous de nos ailes, les êtres que nous chérissons le plus étaient là, nous faisant des signaux. Depuis de longues semaines, nous étions séparés. Nous aurions voulu les étreindre, mais dans les records de ce genre, les escales pour s’embrasser sont interdites. C’est cruel. » Juste quelques mots griffonnés sur un bout de papier jetés hors de la carlingue pour les femmes.
Le second acte pose problème. Au-dessus de Munich, un message radio d’un éventuel échec est transmis : « Sommes démoralisés, venons de constater fuite d’essence et consommation anormale. Pensons battre quand même record. Nous avons carburant jusque Bagdad, mais demandons escorte à Alep. Faites-nous contrôler par Vienne et Rhodes. »
Quelques heures plus tard, le ministre de l’Air annonce que Codos et Rossi sont passés au-dessus de l’Ile de Rhodes avec des nouvelles rassurantes. Le précédent record détenu par Boardman et Polando est déjà battu.
Après 55 heures et 30 minutes de vol et couvert 9104 km 700, l’avion se pose à Rayak (Syrie) à 80 kilomètres de Damas. Victoire ! Le record du monde de distance New York-Rayak sans escale est battu. Codos s’esclaffe : « Vive les Ailes Françaises, vive la Syrie, vive la France ! » Et cette pensée : « Un raid n’est fait que d’audace, de ténacité et d’un zeste d’inconscience. » Il n’est pas satisfait, pas plus que Rossi, d’ailleurs. Ils visaient plus loin. La meute des reporters-photographes se presse autour de nos héros.
Paul Codos n’en démord pas : « C’est navrant. Avec cet appareil, ce moteur, sans le mauvais temps, nous aurions pu dépasser les 10.000 kilomètres. »
Accueilli en héros
Le dimanche 29 octobre 1933, la ville d’Hirson rend un hommage solennel à l’enfant du pays. Les rues se pavoisent. L’as du manche à balai est « cueilli » au domicile de sa soeur. A bord d’une berline précédée de l’Harmonie municipale, des délégations patriotiques et associatives, notre héros, sa mère, son épouse et sa soeur Thérèse sont acclamés par les Hirsonnais sous des : « Vive Codos. » C’est du délire. M. Emile Villemant, premier magistrat de la ville d’Hirson, l’accueille à l’Hôtel de Ville en ces termes : « Je vous reçois en toute simplicité, vous êtes, ici, chez vous. » Paul Codos est porté en triomphe jusqu’à la salle d’Aumale où, il reçoit les honneurs du Docteur Jules Gobert, Maire-adjoint qui estime : « Paul Codos devient un modèle de courage, de ténacité, d’audace et de fermeté. C’est parce qu’il avait été élevé par une mère française, une maman auprès de laquelle il a appris ce qu’était le courage et la volonté, l’abnégation et la foi dans l’avenir. »
La population hirsonnaise acclame, sans discontinuer, notre héros local sous des cris de « Vive Codos ». Toute la famille est émue. Les femmes reçoivent une gerbe de fleurs. L’Harmonie municipale joue La Marseillaise. Paul Codos balbutie quelques mots de remerciements aux Hirsonnais, à ses proches qui l’ont soutenu dans les épreuves et il a une pensée pour son compagnon, Maurice Rossi.
Le ciel n’attend pas !
Les honneurs c’est une chose, pilote c’est tout autre. Le 27 mai 1934, Codos et Rossi avec le « Joseph-Le-Brix » tentent une nouvelle tentative. Cette fois d’Ouest en Est, Paris-New York-San Francisco. L’objectif est de battre leur propre record d’Est en Ouest.
En vol, un message radio parvient du Général Denain, Ministre de l’Air :« Au moment où vous survolez terre américaine, heureux vous annoncer Rossi promu Capitaine et Codos, nommé Commandeur Légion d’Honneur. La France que vous servez héroïquement vous est reconnaissante. Félicitations affectueuses. »
Pour nos deux pilotes, les conditions de vol ne sont pourtant pas au rendez-vous. Codos, la mort dans l’âme, est contraint de poser son avion à Floyd Bennett après 38 heures de vol ayant couvert 5809 kilomètres à la vitesse de 151 kilomètres à l’heure. Les honneurs ! Codos et Rossi sont reçus à la « Maison blanche » par Franklin Roosevelt qui ne se doute guère que la mission, initialement fixée par les pilotes, n’est pas parvenue à son terme. Pour nos virtuoses de l’hélice, c’est un échec. Pourquoi ? Au décollage, l’hélice a accroché une branche d’arbres.
Invitation des Hirsonnais
Le 23 septembre 1934, Paul Codos ayant d’autres obligations déclinera l’invitation de l’Union Vélocipédique Hirsonnaise pour la course Paris-Hirson dont le départ est fixé du Bourget. Le 22 décembre 1935, de retour sur les terres thiérachiennes, il est l’invité d’honneur d’Henri Sohier, Président de la Fraternelle des Poilus d’Hirson pour une « causerie » au profit des Œuvres. Elle sera suivie d’une audition par l’Harmonie municipale conduite par Jean Leclabart, son Président. 1935, une année charnière. Sauf erreur, nous n’entendons plus guère parler de notre pilote-aviateur sur la région hirsonnaise…