Ancien site de la verrerie de Montplaisir à Mondrepuis

Ancien site de la verrerie de Montplaisir à Mondrepuis

On imagine dès lors l’impact d’une telle crise en Lorraine : entre 1540 et 1580, la famille de THYSAC s’installe dans le Soissonnais, le Tardenois puis en Thiérache, à Faux-bâton proche de Rumigny (08290), et à Esquéhéries (02170) proche du Nouvion où encore de nos jours un hameau porte le nom  » la voirie  » (verrerie en ancien français). Sous l’impulsion des D’HENNEZEL implantés à Mondrepuis puis au Renguillies, dépendance de Wignehies dès 1619, va bientôt être fondée la verrerie de Charles-Fontaine. Autre facteur à cet essor, de nombreux gentilshommes verriers se convertissent très tôt à la religion réformée, et la Thiérache devient ainsi une terre de refuge pour des convertis venant d’un peu partout, de Normandie, d’Argonne, du Comté Rethel, de Lorraine ou de plus loin encore. A Landouzy-la-Ville, ville sur le territoire de Foigny, la famille de gentilshommes protestants De BONGARD, ayant acheté la seigneurie du village, construit un four à verre sur le ruisseau de l’Ange Gardien, proche du Chêne Bourdon. Les BONGARD vont devenir une des familles les plus actives dans la résistance aux troupes catholiques, soit les ligueurs, soit les troupes et mercenaires des Pays-Bas Espagnols. Ayant aussi des membres postés sur la frontière, comme à la verrerie des Muternes sur Mondrepuis, cette famille crée des réseaux d’information et d’espionnage qu’Henri IV pourra utiliser lors de ses campagnes juste avant la paix de Vervins (1591-1598) . La dernière manifestation de cette implantation protestante survient vers 1681, date à laquelle le protestant Josué D’HENNEZEL s’installe à Anor (59186), après avoir fait des essais d’implantation en Brabant. C’est l’époque de la révocation de l’Edit de Nantes : Anor est alors considérée comme  » Flandres « .

Le mouvement de toutes ces populations a finalement un autre but, plus commercial. Elles sont même parfois faites volontairement pour des raisons d’espionnage industriel. En résumant (trop), au fil des siècles, les Normands amènent la technique du verre en plateau, les Lorrains la technique des cylindres, les Souabes celle du verre à la façon de Bohême, les Italiens celle du cristallin, et plus tard les émigrations en Angleterre auront pour but l’imitation le flint glass (cristal anglais fait avec la houille). Cela s’ajoute à une recherche permanente d’améliorations des outils de production et de la qualité du verre.

Troisième périple : Essor et vicissitudes de la verrerie au nord de la Thiérache et en Fagne

Les temps de paix amènent la création de quelques nouvelles verreries permanentes alors que les plus nombreuses, notamment les fours temporaires, ont ou vont disparaître. Les créations sont dues à la volonté d’exploiter les forêts de manière raisonnée. C’est le cas de la verrerie de Montplaisir créée à titre permanent en 1620 dans le bois de Fourmies appartenant au Prince de Croy et abbés de Liessies. Cette verrerie sera l’unique verrerie à verre blanc recensée en 1802 dans le département du Nord. Ailleurs, la volonté du Duc de Guise d’exploiter ses bois du Nouvion-en-Thiérache (02170) incite une partie des verriers de Charles-Fontaine à s’installer au Garmouzet (à la lisière de Fontenelle) où une verrerie est créée à partir de 1661. Parallèlement, vers le milieu du 17ème siècle, les marchés vers le nord (Brabant, Bruxelles, Anvers, Pays-Bas) connaissant une clôture relative, suite au monopole des frères BONHOMME de Liège, puis aux initiatives de leurs concurrents. Au 18ème siècle, la maîtrise de la houille et le développement du pays de Charleroi marquent le déclin inéluctable des verreries forestières. L’industrie des COLNET périclite en Hainaut ; ils se tournent naturellement vers la France, qui conquiert notamment une partie du Hainaut. Les COLNET investissent dans différentes verreries comme le Garmouzet. La fabrication couvre surtout le verre à vitre et la bouteillerie. Alliés aux LE VAILLANT, leur monopole régional semble pâtir d’une production bien inférieure en qualité et quantité que celles d’autres verreries qui entourent ce territoire, notamment Charleville (1663) et Saint-Gobain (1693), cette dernière exploitant la technique du coulage du verre en table pour fabriquer de grandes vitres. Ceci explique peut-être en partie la faible expansion des verreries à cette époque en Thiérache, voir des fermetures comme celle de Follemprise vers 1735.

Je n’entrerai pas en détail dans la période de la révolution industrielle. Vouloir résumer une histoire très riche n’est souvent pas la bonne solution. On y perd la saveur et l’exactitude. Mais comme cet article n’a pas de prétention historique, je citerai juste quelques faits relatifs à la création des verreries et non à leur exploitation ou maintien.