De l’époque romaine à la révolution industrielle du XIXe, l’une de ses plus importantes industries en Avesnois Thiérache fut la verrerie.
La Thiérache : terre industrieuse, mémoire verrière
La Thiérache a connu une grande activité de type » proto-industrielle « , c’est-à-dire qui a eu lieu avant la révolution industrielle (début du 19ème siècle). Ses anciennes forges, situées au nord-est de son territoire, est l’industrie dont le souvenir perdure le mieux, car de nombreux toponymes en rappellent l’existence. Mais la palette d’activités fut beaucoup plus diversifiée. Abbayes et seigneurs ont tenté de tirer profit de toutes les ressources topographiques, minéralogiques et biologiques possibles.
Par exemple, sur les seules possessions de l’Abbaye de Foigny aux 12 et 13ème siècle, A. PIETTE relève pas moins de » quatorze moulins à blé, un moulin à foulon, deux tordoirs, trois fourneaux, trois forges, une brasserie, trois pressoirs, et une verrerie […] en outre deux ardoisières […] » . De plus, aux 16 et 17ème siècles, des papeteries se développeront comme à Landouzy-la-Cour. La Thiérache, terre proto-industrielle, prouvera au fil des siècles qu’elle est aussi une terre d’hommes industrieux.
Du verre en Thiérache ?
L’une de ses plus importantes industries fut la verrerie. Cependant le souvenir de son histoire verrière semble menacé : lorsqu’on parle de ce passé à ses habitants, ceux-ci sont souvent surpris. » Faisait-on vraiment du verre en Thiérache ? « . Eh bien oui, les preuves sont bien là, devant nos yeux. Qui, passant par ce joli village, n’a jamais eu un sentiment de bizarrerie ou d’étrangeté face à ce nom de commune pourtant à nous si anodin : La Bouteille (02140). Pourquoi donc La Bouteille ? L’onomastique des communes est normalement si difficile d’accès. Ici, la couleur est annoncée du départ : c’est celle du verre. En fait, la multiplicité insoupçonnée des lieux de production du verre risque de surprendre le Thiérachien averti.
Quel intérêt à s’attacher à l’histoire des anciennes verreries ? Pensons-y un instant : la production du verre a dû jouer un rôle important sur nos paysages, tant au niveau de leur formation par l’essartage esquissant villages ou hameaux, qu’au niveau de leur modelage . Au niveau proto-industriel, la production du verre nécessite différentes logistiques : extraction des matières premières (oxydes de fer, sables) ; exploitation des forêts ; ébauche de stratégies de transport pour l’acheminement des matières manquantes ou vers des débouchés commerciaux. Les bosquillons, faudreurs (charbonniers), mineurs, charretiers et vanniers se sont retrouvés au cœur de l’essor de la verrerie thiérachienne. Assurément s’interroger sur la production verrière en Thiérache fait ressurgir une bonne partie son histoire régionale et inter-régionale.
Centres de production et routes verrières en Thiérache…
Beaucoup de lieux de production ont perdu leurs bâtiments, et les derniers témoignages sont parfois effacés depuis bien des siècles, leur détection n’étant guère plus possible que dans les archives écrites. Pourtant, le plaisir de la redécouverte de l’histoire verrière en Thiérache n’est pas réservé à l’archéologue ou au rat de bibliothèque. La thématique verrière promet de belles balades fourmillantes de découvertes dans ce territoire situé sur l’ancienne frontière entre Comté de Hainaut et Royaume de France, et aux confins actuels de trois départements français (l’Aisne, les Ardennes, le Nord) et d’une province belge (la » Botte du Hainaut « ). Afin de donner une ébauche des routes verrières dans cette contrée, un relevé, pour être significatif doit être donné suivant un ordre quelque peu chronologique. Cependant cette ébauche est fonction de mes connaissances actuelles sur les implantations de verreries. Elle est donc non-exhaustive, et ne pourra s’attarder sur les détails qui font la richesse de ce patrimoine. Il convient d’énumérer les verreries sous forme de périples, quoi-qu’arbitraires puissent-ils être.