Le cercle de ses amis

Le dicton dit « Dis moi qui tu aimes, et je te dirai qui tu es… » Découvrir le cercle des amis de Richepin permettra certainement de mieux cerner sa personnalité. Il faudrait ici vous relater les relations privilégiées qu’il eut avec Maurice Bouchor, Raoul Ponchon… et d’autres encore…

Charles Cros

Cet homme de science travaille tout d’abord à la conception d’un télégraphe automatique, qu’il présente à l’exposition universelle de 1867, et envoie une note à l’Académie des sciences sur un projet de « reproduction des couleurs, des formes et des mouvements ». Il apparaît dans tous les groupes de bohème littéraire plus ou moins marginaux : dans le salon de Nina de Villard… … chez les zutistes, chez les « phalanstériens de Montmartre », au Chat-noir, chez les « vilains bonshommes », au café artistique de la nouvelle Athènes et dans d’autres cercles aussi pittoresques qu’éphémères. Ses amis s’appellent Verlaine, Coppée, Villiers de l’Isle-Adam, Richepin, Germain Nouveau et Rimbaud …

Erté

Engagé dans l’équipe de Poiret, il réunit l’initiale de son prénom et de son nom pour en faire sa signature (R-T) et contribue activement, avec un autre assistant, José de Zamora, aux créations de la maison Poiret. Au printemps 1913, Poiret crée un modèle composé d’une jupe fourreau surmontée d’une légère tunique en forme d’abat-jour. Ce type de robe est lancé dans la pièce de Richepin « Le Minaret », pour laquelle Erté a été chargé d’habiller l’une des actrices, Mata-Hari…

Yvette Guilbert

En réalité, Yvette Guilbert fut l’une des rares interprètes, avec Aristide Bruant, capables de faire passer le répertoire des chansonniers montmartrois dans le grand public. Interrompue par une longue maladie, sa carrière prend en 1913 un tour nouveau, lorsqu’elle décide de consacrer son tour de chant aux poètes (Verlaine, Richepin, Laforgue…) Et surtout aux vieilles chansons françaises qu’elle avait exhumées des archives…

Raymond Roussel

Ferry, Robbe-Grillet et le lecteur quelconque aiment Roussel pour les mêmes raisons, c’est-à-dire au fond parce que Roussel, comme Flaubert, n’a que de petites choses à dire et qu’il les dit bien, le plus parfaitement possible, en sa savante maladresse…. …Or quelles sont les images qui occupent, et point par hasard, l’esprit de Roussel ? L’exotisme… Les machines du concours Lépine et la vogue de Jules Verne… La nostalgie de l’empire et le post-romantisme pleurard à la Rostand… La découverte de l’argot (Jehan Rictus ; Nouvelles Impressions), et du misérabilisme (Richepin)…

Jean Richepin en 1926

En 1914, la politique le tente. C’est à Vervins qu’il se laisse tenter par la politique. Il est candidat aux législatives, comme républicain de gauche, et opposé à Ceccaldi, le radical socialiste. Le poète fut battu n’ayant recueilli que 5 383 voix, contre 7 718 à M. Ceccaldi. « Mais il avait connu, sur d’autres scènes, assez de succès pour se consoler de cet échec, d’ailleurs fort honorable, si l’on considère qu’il s’agissait d’un début ».

Ainsi décrivait-il la Thiérache, ou plutôt le village de Ohis, où il a situé l’action de Miarka, la fille à l’ourse » :

« Le village semblait dormir, désert et morne, sous le poids de cette après-midi d’août, sous cette flamboyante chaleur qui avait éparpillé tout le monde aux champs. C’est qu’il faut profiter vite des belles journées, au pays de Thiérache, humide région de bois, de sources et de marécages, voisine de la Belgique et peu gâtée par le soleil. Un coup de vent soufflant du nord, une tournasse de pluie arrivant des Ardennes, et le buriots de blé ont bientôt fait de verser, la paille en l’air et le grain pourri dans la glaèbe. Aussi, quand le ciel bleu permet de rentrer la moisson bien sèche, tout le monde quitte la ferme et s’égaille à la besogne. Les vieux, les jeunes, jusqu’aux infirmes et aux bancroches, tout le monde s’y met et personne n’est de trop… »

Jean Richepin, extrait de « Miarka, la fille à l’ourse »