Par une nuit pluvieuse de novembre 1918, les plénipotentiaires allemands traversent les lignes françaises à Haudroy, afin de négocier l’armistice avec le Maréchal FOCH et les dirigeants français.
Novembre 1918, à Haudroy, 52 mois après la bataille de Guise… L’armistice
Une division allemande était installée à Rocquigny. Les hostilités étaient suspendues depuis le début de l’après-midi. Dans le secteur La Flamengrie- Haudroy, figuraient au front : la 166ème D.I., le 19ème B.C.P., le 171ème R.I., et le 26ème B.C.P. en réserve. Vers quinze heures trente, ce furent tout d’abord trois cavaliers allemands qui apparaissent, munis d’un brassard blanc. Le Lieutenant de chasseurs à cheval VON JACOBI se présente au lieutenant HENGY, sur la route Haudroy – La Flamengrie, et annonce que les plénipotentiaires allemands se présenteront dans la soirée, afin de négocier la paix, sans toutefois pouvoir préciser l’heure ; en effet, les routes sont en mauvais état et minées.
Le véhicule qui les amènera ne peut estimer de sa rapidité à couvrir la distance. Le Lieutenant VON JACOBI ne se considère pas comme prisonnier. Il ne traverse pas les lignes françaises. Son message est transmis côté français au Capitaine LHUILLIER, qui le transmet au Commandant DUCORNEZ. En retour, un message écrit est donné au Lieutenant allemand, lequel comprend et lit parfaitement le Français. On lui donne l’ordre d’attendre en compagnie du Lieutenant HENGY, l’arrivée des plénipotentiaires. Il exécute cet ordre et attend. C’est le capitaine LHUILLIER, qui commandait alors le 1er bataillon du 171ème régiment d’infanterie qui aura l’honneur de recevoir les premiers plénipotentiaires allemands. Ils arrivent le soir, à vingt heures vingt, en voiture, tous phares allumés, et munis d’un immense drapeau blanc largement déployé. Il arrive sur les lieux, et, après présentation avec le Lieutenant VON JACOBI, autorise celui-ci à regagner ses lignes. Le Caporal-clairon SELLIER accompagne le Capitaine LHUILLIER.
Pendant ce temps, le Poste de Commandement de la 3ème compagnie a été installé dans la ferme qui se trouve actuellement tout à proximité de la pierre qui commémore ces instants. A vingt heures dix, le Caporal SANDOZ vient rendre compte au poste de commandement que l’on aperçoit sur la route de Rocquigny les phares d’une voiture automobile. On aperçoit bientôt un immense drapeau blanc largement déployé sur le véhicule. C’est une grande nappe blanche qui a été réquisitionnée à Fourmies par le trompette allemand ZOBROWSKI, du 2ème régiment de Ulhans. Le Capitaine LHUILLIER, à la tête d’un détachement d’officiers, dont le Lieutenant NABAL, le Lieutenant HENGY et le médecin auxiliaire ARTHAUD, fait stopper les véhicules, au nombre de cinq. De la première voiture descendent le Lieutenant VON JACOBI, un trompette, un porte-fanion, et le Commandant de l’arrière-garde. Dans les trois suivantes, se trouvent les membres de la délégation que l’Allemagne avait envoyée pour entendre les conditions de l’armistice que celle-ci voulait négocier. Le Lieutenant VON JACOBI présente alors le Général de WINTERFELDT à la délégation française. Celui-ci présente ses excuses pour le retard de la délégation : les routes sont difficiles ! Il veut faire les présentations des membres de la délégation.
Sur la plaque on lit :
« Monument érigé à la mémoire du Caporal SELLIER, Clairon de la Liberté qui sonna ici l’Armistice le 11 novembre 1918 à 11 h. »
Le Capitaine LHUILLIER intervient, appelle le Caporal-clairon SELLIER auquel il donne l’ordre de sonner le «cessez le feu», suivi du «garde à vous». Les sonneries terminées, le convoi s’ébranle alors en direction de La Capelle, au poste de commandement des avant-postes, commandés par le Chef de bataillon, le Commandant DUCORNEZ, du 19ème B.C.P., qui a auprès de lui les Colonels MARQUET et MANGEMATIN. Le Lieutenant-Colonel MARQUET accompagne les parlementaires jusqu’à la «Villa PASQUES», à La Capelle, où le Commandant BOURBON-BUSSET est installé. Il renvoie deux voitures allemandes et leurs occupants, et prend en charge les plénipotentiaires, pour les conduire à HOMBLIERES au Quartier Général du Général DEBENEY, Commandant la 1ère armée. De là les parlementaires allemands seront dirigés vers Compiègne, où le Maréchal FOCH négociera avec eux fermement -mais courtoisement- les conditions de l’armistice, leur donnant trois jours pour en référer à leur gouvernement.
Le 9 Novembre, GUILLAUME II abdique, et s’enfuit en Hollande. Le 11 à six heures du matin l’Armistice est signé à la gare de RETHONDES. Les hostilités seront suspendues à 11 heures du matin.