Les guerres de religion

C’est en avril 1559, qu’intervient le traité du Cateau-Cambrésis, qui scelle la paix entre la France et l’Espagne. La plupart des églises de Thiérache conservent des traces des remaniements et ajouts du XVIe siècle, meurtrières, échauguette, salle de refuge dotée de cheminées et de fours à pain servaient à accueillir et défendre la population en détresse.

le traité du Cateau-Cambrésis

le traité du Cateau-Cambrésis

Un autre conflit ensanglante le siècle avec la propagation du Calvinisme. Le conflit religieux qui divise les orthodoxes et les réformés entre dans une nouvelle phase; il dégénère maintenant en guerre civile. La décadence de l’autorité royale, sous les règnes de François II, Charles IX et Henri III compromet gravement l’unité du royaume. La question religieuse n’est plus que le prétexte servant à de nouveaux massacres. Alfred Desmasures, rappelle que Magnier, fut l’un des propagateurs de la Réforme en Thiérache. « Magnier eut le sort de tous les réformateurs; persécuté il fut forcé de réunir ses adeptes avec le plus grand secret, dans certaines maisons isolées ou dans des lieux écartés et dans les bois. Un soir, […] Magnier présidait une assemblée dans le bois de Cailleuse. […] Des hommes d’armes de la garnison de Guise sortent des branchages et enveloppent l’assemblée. Magnier, arrêté, fut traîné en prison et condamné aux galères où il mourut ».

Épidémie et tremblement de terre

En 1579, la guerre produit une épidémie de peste :

« Elle avait débuté à Moncornet où la majeure partie de la population avait été enlevée et quoiqu’il fut défendu d’entrer et de sortir de la ville elle se répandit dans la Thiérache. La consternation était extrême, aussi cessait-on de l’augmenter en n’annonçant plus par le glas funèbre des cloches, les nombreuses mortalités et on opérait les inhumations la nuit pour en soustraire le spectacle aux yeux des habitants malades ou effrayés. Les loups attirés par l’odeur des cadavres des pestiférés, avaient envahi nos campagnes et venaient attaquer les malades jusque dans leurs lits. Ce fléau disparut pendant l’hiver mais reparut l’été de l’année suivante avec une intensité nouvelle. On ne voyait que cadavres amoncelés par cette peste qui ne cesse que vers 1601 ».

La Paix de Vervins

La même année, un tremblement de terre secoue et éprouve la Thiérache. Les guerres de religion se poursuivent. En 1590, Antoine Bourgard tient Landouzy et empêche le paiement des impôts dont sont frappés les habitants : « Etait-il instruit du passage de quelque détachement d’Espagnols ou de ligueurs sur des routes voisines, il allait dresser une embuscade en un lieu favorable, l’attaquait à l’improviste et le taillait en pièces. C’est ainsi qu’au mois de mai, il fit un tel carnage de catholiques près du village de Mondrepuis, que les lieux où se donna le combat s’appellent aujourd’hui la Tuerie ». Les villes subissent le siège des Espagnols jusqu’à la Paix de Vervins.

Signature du traité de paix de Vervins par Saint-Evre Gillot

Signature du traité de paix de Vervins par Saint-Evre Gillot

En 1598, Henri II venait de promulguer l’Edit de Nantes, légalisant l’église réformée. Après les conférences, la paix « fut enfin conclue à Vervins le 2 mai et signée par les deux souverains; on la publia le 12 juin par tout le Royaume, aux acclamations de tous les Français. Le traité était fort avantageux à la France et conforme à celui du Cateau-Cambrésis qui devait conserver toute sa force (…). Les sujets des deux rois qui iront servir leurs ennemis par terre et par mer seront punis comme perturbateurs du repos public. Ceux qui depuis dix ans sont chassés de leurs terres, offices et bénéfices, doivent y rentrer.

Les deux Rois se rendent réciproquement ce qu’ils ont pris depuis 1559; savoir le Roi très Chrétien le comté de Charleroi et le Roi Catholique, les villes de Calais, Ardres, Monthulin, Dourlens, le Catelet, La Capelle et Blavet en Bretagne. (…) On voit sur le Beffroi de l’hôtel de ville de Vervins, cette inscription en lettres d’or, la Paix de Vervins faite sous Henri IV avec les espagnols en 1598. » Ainsi s’achève le siècle marqué par les guerres entrecoupées de trêves fragiles. Mais le fanatisme n’est pas encore éteint et va bientôt s’exercer à l’encontre des marginaux; bien vite les potences et les bûchers se dressent dans les bourgs et les villages.