La 1ère armée reçut cependant le 28 au soir du Q. G. G. des directives explicites qui lui donnaient une tout autre direction ; le 29 au soir également elle reçut à Péronne le radiogramme suivant de la 2e armée : « 2e armée engagée sur la ligne Essigny le Grand-Mont d’Origny-Voulpaix-Haution (donc de la région sud de Saint-Quentin à la région de Vervins) dans un dur combat avec des forces qui semblent supérieures. Il est instamment désirable que des éléments de la 1re armée l’appuient de bonne heure en direction d’Essigny « Peu après arriva un officier de l’état-major de la 2e armée qui déclara que le combat de son armée était particulièrement dur et que l’aide du IXe C. A. en direction de Mont d’Origny était instamment nécessaire; il ajouta que le IXe C. A. était déjà informé. La bataille de Namur n’avait donc pas encore amené la décision : l’ennemi attaquait à nouveau.

Le 27, la 2e armée avait continué sa marche en direction du sud-ouest, son aile droite passant par Landrecies et avait atteint la région Saint Soupplet sud de La Capelle. Elle voulait y rester le 28 pour attendre l’arrivée de la 3e armée qui menaçait de perdre toute liaison avec elle.

La 3e armée était parvenue le 26 jusqu’à la région de Rocroi, le 27 jusqu’à Girondelle-l’Échelle-Lonny. Au cours de la journée du 27 la 4e armée, dont l’aile droite combattait au sud de Sedan, l’aile gauche à Stenay, et ne progressait pas, lui demanda instamment son appui. Le colonel-général baron von Hausen voulut alors se porter encore le 27 sur Signy l’Abbaye-Thin le Moutier pour soutenir l’aile droite de la 4e armée, en passant à l’ouest et près de Mézières; il demanda de son côté à la 2e armée de couvrir ses derrières. Celle-ci dut refuser. Comme la 1re armée voulait se porter le 28 sur Nesle avec son aile droite, la manouvre de l’ensemble des armées risquait de se disloquer. La 2e armée se trouvait effectivement dans une situation difficile. Sa conduite ne fut pas « personnelle et déterminée surtout par des intérêts particuliers «, comme le pense le général baron von Hausen (ouv. cit., page 150).

Le colonel-général von Bülow décida en conséquence de laisser le 28 son aile gauche (Xe C. A. et Garde) à Guise et à l’est, face à l’Oise dont la rive sud était encore occupée par l’ennemi, mais de pousser son aile droite sur Saint-Quentin pour ne par, perdre tout au moins la liaison avec la 1re armée. C’était là évidemment un étirage peu indiqué de la 2e armée. C’est pourquoi lorsque la 3e armée fit connaître au cours de la journée du 28 que par ordre de la Direction suprême elle n’obliquait pas en direction du sud-est, mais marcherait en direction du sud-ouest, l’aile gauche de la 2e armée (Xe C. A. et Garde) reçut l’ordre de franchir l’Oise. Les forces ennemies établies au sud de la rivière ne semblaient être que peu importantes. On reçut cependant dans la soirée un renseignement disant que l’on combattait encore pour les passages de la rivière. On estima que c’étaient des combats d’arrière-gardes. L’armée décida par suite de se préparer le 29 à l’attaque de La Fère.

La Bataille de Guise

Mais le 29 elle fut attaquée par une puissante contre-offensive française en direction de Saint-Quentin. La 3e armée avait reçu effectivement de la Direction suprême l’ordre que nous avons cité lui prescrivant «de continuer son mouvement en direction générale du sud-ouest «. Le colonel-général von Hausen avait par suite renoncé le 27 à continuer, comme il l’avait projeté, à marcher, en direction de Signy l’Abbaye et de Thin le Moutier ; mais il se décida néanmoins le 28, sur un nouveau cri d’appel de la 4e armée, à obliquer sur Vendresse-Louvergny, lorsqu’un nouvel ennemi surgit en face de lui à Moncornet-Rethel. La conversion à gauche fut remise jusqu’à ce que la situation fut éclaircie. Ce résultat obtenu, la marche sur Vendresse fut entamée le 29 à midi, lorsqu’à 4 heures du soir la 3e armée reçut, elle aussi, une communication de la 2e armée disant qu’elle était engagée dans un violent combat sur la ligne Guise- Etréaupont et qu’elle demandait l’intervention de la 3e armée en direction de Vervins. Le commandement de la 3e armée ne pouvait pas changer encore une fois ses dispositions ; il maintint s a décision de soutenir la 4e armée, lorsque celle-ci lui fit savoir, le 29 au soir, que l’ennemi qu’elle avait en face d’elle avait commencé à battre en retraite par Vendresse- Sauville. La 3e armée se porta alors le 30 sur Château Porcien-Rethel-Attigny pour attaquer l’ennemi en retraite et, dans la soirée, se trouva engagée sur cette ligne. Une critique a posteriori conclura de ce qui précède que la 3ème armée aurait aussi bien soutenu la 2e armée dans la bataille de Saint-Quentin-Guise que la 4e armée dans ses combats pour les passages de la Meuse si elle n’avait conversé ni à droite ni à gauche et avait continué à marcher carrément en direction du sud-ouest. C’est là ce que le comte Schlieffen avait enseigné de faire en pareil cas. Mais la 3e armée ne pouvait pas embrasser l’ensemble de la situation, on ne peut donc lui faire aucun reproche. C’est la direction supérieure qui en cette occasion a fait défaut. Après la victoire de Neufchâteau (22 et 23 août) la 4e armée avait pris la direction de Sedan-Stenay, mais elle se heurta sur la Meuse à une énergique résistance. L’ennemi exécuta des contre-offensives violentes. Du 26 au 29 la 4e armée livra de durs combats pour franchir la Meuse, mais elle réussit ensuite à forcer le passage entre Sedan et Stenay.

La Bataille de Guise

Devant la 5e armée l’ennemi s’était repliée sur la Meuse après la bataille de Longwy-Longuyon et la bataille de la coupure de l’Othain (22-27 août). Après que le repos dont elle avait besoin lui eut été accordé, l’armée se mit en marche vers la Meuse en direction de Dun. Soit aile gauche fut repliée sur Consenvoye-Azannes pour assurer la couverture face à Verdun. La réserve principale de Metz investit le front est de la place. La 5ème armée eut, elle aussi, à livrer de durs combats dans la région de Dun pour passer la Meuse avant que l’ennemi se repliât lentement.

(1) Mémoires de Poincaré. (2) Publié dans le journal «La voix du Nord». (3) Journal «Le pays de France» N° 15 du 28 Janvier 1915. (4) Journal «Le pays de France» N° 46 du 2 Septembre 1915. (5) Journal «Le pays de France» N° 16 du 4 Février 1915. (6) Le Pays Rostand occupé, publication du Collège « Le Ruisseau » de Montcornet. (7) Nous sommes en 1914, et à cette époque, il ne s’agit pas encore de l’heure d’été, qui possède un décalage de deux heures avec le soleil ! De nos jours, cela ferait 20h30 !

JMG