Les églises fortifiées

Elles sont l’œuvre d’un peuple acharné à ne pas mourir
Marc Blancpain

L'église fortifiée de Burelles

Une église est dite fortifiée si elle a possédé à un moment donné de son histoire une certaine valeur défensive par l’aménagement d’éléments caractéristiques de défense active ou passive. C’est l’existence de ces éléments d’architecture militaire, même s’ils ont aujourd’hui disparu qui confère à une église le qualificatif de fortifiée. Les églises fortifiées ont été édifiées entre le XVI e et le XVII e siècle, de François I à Louis XIV. De 1515 à 1598 se sont d’incessantes hostilités entre François I et Charles Quint qui mettront à mal la Thiérache. De 1559 à 1598 les guerres civiles et religieuses font des ravages. Pendant ces périodes noires on assiste à des travaux de fortification des églises, des censes (fermes) et des cimetières. 1598-1635 seront des années de restauration et de reconstruction. Puis c’est la guerre de 30 ans (1618-1648), les années 1636 à 1659 sont marquées par l’occupation et les déprédations commises par les armées royales françaises et ennemies. Durant la fronde (1648-1653) des princes révoltés feront alliance avec les espagnols. Les pillages, les tueries et les viols mettront à mal les paysans. Devant tant d’horreurs, la plupart fuient lorsqu’ils en ont le temps. Des villages entiers se vident. Les champs sont à l’abandon et toute la précaire économie n’y résiste pas. Si on ne fuit pas et s’il n’y a pas un château pour se protéger que faire ? Et bien il reste l’église, souvent le seul bâtiment solide du village, de plus elle est assez vaste pour accueillir la population, son clocher offre un poste d’observation et la cloche peut donner l’alarme. Aussi  » les communautés rurales d’habitants « , les évêques, les abbés décident la fortification des églises. C’est une lourde tâche financière que les paysans seuls n’auraient pas pu prendre en charge. Les églises vont se transformer en « fort* », tantôt dans un esprit de défense passive, tantôt dans un esprit de défense active. Les églises qui auront résisté aux combats reprendront la vie cultuelle au VIII.

Carte des églises fortifiées de Thiérache

Carte des églises fortifiées de Thiérache

  1. Les habitants conservent l’églises ancienne mais lui ajoutent quelques modifications défensives : Une échauguette**
  2. Des meurtrières ou une salle forte, parfois une tour refuge comme à Vervins et Hary. Les habitants gardent une partie de l’église et construisent un nouveau corps de bâtiment à destination militaire. C’est le cas à Prisces et à Burelles, ces églises sont des forts.
  3. La 3 ème sorte d’église est une construction nouvelle, souvent sur les ruines d’une ancienne, d’un bâtiment mixte mi-religieux, mi-militaire. Plomion, La Bouteille et Englancourt possèdent ces églises « forteresses ».

*Fort : pour les hommes des XVI e et XVII e siècles ce mot désignent un lieu de refuge pourvu de moyens de défense active ou passive.
**Échauguette : ouvrage contenant une petite pièce en saillie de l’angle d’un bâtiment construit en encorbellement ou sur un contrefort…généralement munie d’ouverture de guet plus rarement de meurtrières de tir.
Bretèche : élément de mâchicoulis placé en saillie au dessus d’une ouverture, porte ou fenêtre, pour en surveiller l’approche et au besoin en interdire l’accès.

A lire : les travaux de Robert Poujol et de Jean-Paul Meuret.
A voir : galerie photos des églises fortifiées de Thiérache