Au XIIe siècle St Norbert, fondateur des chanoines de Prémontré mènera la nouvelle évangélisation au territoire de la forêt de Vaos s’étendant de St Gobin à Wimy.

L'église fortifiée de Plomion

De nombreuses églises seront bâties, la plupart entre le XIIe et le XIIIe siècle. Au fil des guerres de plus en plus dévastatrices, dont l’apogée sera au XVII e siècle celle qui opposera la France à l’Espagne, les Thiérachiens, pour se prémunir de menaces constantes, fortifieront leurs églises telles de véritables forteresses.

Les guerres d’invasions

Ce qui frappe avant tout, lorsque l’on découvre la Thiérache, c’est le nombre impressionnant de lieux de culte : Église, chapelles, calvaires. Cette apparente ferveur religieuse trouve son origine dans la première campagne d’évangélisation menée au VIIe siècle par des prêtres irlandais. Trois à quatre siècles auparavant, la Thiérache, sous influence gallo romaine, située géographiquement au carrefour des routes d’invasions barbares vivait dans une grande instabilité. Le lieu dit La Passe d’Anor était le point névralgique de la frontière et lieu de passage de toutes les invasions. On retrouve le même schéma en forêt de St Michel aux abords de la route Charlemagne où s’étendaient des fortifications militaires. Les excursions barbares étaient destructrices. La ville de Bavay (Bagacum) fut anéantie dés le IIIe siècle, la région transformée en un vaste désert. Près d’Hirson au lieu dit Le Camp des Frumions , on trouva au XIXe siècle, lors de travaux forestiers, une grande quantité de cendres mêlée à des amas de pierres. Des historiens locaux, tel Alfred Desmasures y découvriront des ruines de villa gallo-romaines pillées et incendiées. Après la chute de Rome, il faudra attendre plusieurs siècles avant de retrouver en Thiérache un degré de civilisation aussi poussé. Elle sera tour à tour pillée par les hordes barbares venues de l’est, envahie par les Francs au IIIe siècle, les Normands au VIIIe siècle, tiraillée entre les derniers Carolingiens et leurs vassaux pris de « véeilité indépendantiste ». L’autochtone compris au fil du temps que sa survie dépendait de ses propres moyens de protection, protection dont les seigneurs toujours en guerre se souciaient peu.

Les constructions moyenâgeuses étaient précaires

Château en bois du haut-moyen-âge

Le bois et le torchis dominaient, la brique était encore rare et la pierre bien trop chère. Au XIIe siècle St Norbert, fondateur des chanoines de Prémontré mènera la nouvelle évangélisation au territoire de la forêt de Voas s’étendant de Saint-Gobain à Wimy. De nombreuses églises seront bâties, la plupart entre le XIIe et le XIIIe siècle. La brique prédomine, parfois renforcée de pierre, plus coûteuse car il fallait la faire venir sur place. La nature argileuse du sol est propice à la fabrication de ces briques de 5 pouces, cuites au bois sur les lieux même de l’édification. Un nombre croissant de communes pouvant s’enorgueillir de posséder un de ces édifices religieux qui suivra la vie de l’homme de la naissance à la mort. Rarement ce symbole sera poussé à un tel paroxysme, car au fil des guerres le lieu de culte se parera peu à peu d’attributs guerriers. En effet. Face aux exactions des hordes de pillards et assassins de toutes nationalités, le villageois se sent bien démuni. On trouvera bien de ça et là quelques exemples de fermes plus où moins fortifiées. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont donc condamnés à errer sur les chemins, tentant de trouver refuge dans les forêts, les cimetières et à l’intérieur des églises, qui peu à peu sont consolidées, fortifiées, résistant ainsi à l’agresseur. Assailli par des Anglais, Austro-Espagnols, Hongrois, mercenaires espagnols, et autres Français, conduits par Gassion, Turenne et le baron d’Elach de sinistre mémoire, des pillards hollandais et écorcheurs, entre le XIIIe et le XVIIIe siècle la Thiérache verra se succéder la plupart des armées d’Europe. François 1er fera fortifier Guise et La Capelle, situés sur  » la route des invasions  » à la frontière du Hainaut, propriété austro-espagnole. On érigera des tours, dressera des donjons, édifiera des remparts auquel on ajoutera des meurtrières. A chaque attaque les villageois se réfugieront dans leurs églises. Ils y emmèneront leurs biens, leurs meubles et même leurs animaux familiers. La vie s’y organisera durant les sièges. Les matériaux de constructions coûtant cher, les villageois étant pauvres, les curés revendront le mobilier et objets de culte pour financer les chantiers de fortification. Ainsi on comprends mieux pourquoi à la révolution française, on rasa quelques abbayes, synonyme d’esclavagisme mais que la soixantaine d’églises fortifiées de Thiérache, symbolisant la résistance face à l’oppresseur, nous soit parvenue intacte.

La Capelle au XVIe Siècle
La Capelle au XVIe Siècle