Bucilly, fondée vers 950, réformée selon les règles de Saint-Benoît vers 1148. D’aucuns disent que l’abbaye de Bucilly fut fondée en 946 par Hérsinde, femme d’Herbert 1er, comte de Vermandois, dit le «pieux».
Hérésinde, qui partageait les sentiments religieux de son mari, favorisait avec les fondations de celui-ci. Elle avait ainsi contribué à la création de plusieurs monastères, quand elle voulut qu’existe au milieu de ses terres de Thiérache, une abbaye de filles.
L’alleu de Bucilly, arrosé par la rivière du Ton, et entouré de prairies et de forêts, lui parut un lieu de retraite propice à son projet. Elle y fit donc construire une habitation et une église, y rassembla quelques jeunes filles dévouées à sa cause qu’elle entretint. Elle leur fit donner par Raoul, évêque de Laon un abbé, et lui remit le monastère.
D’autres imputent la création de L’abbaye de Bucilly à Gerberge, femme d’Albert 1er, Comte de Vermandois de 943 à 985.
Les religieuses suivirent la règle bénédictine, et on dit que leur premier abbé fut Cadroë. La communauté n’aura pas une longue existence. La chute de celle-ci ne sera jamais totalement expliquée, ni d’ailleurs par les auteurs de la Gallia Christiana. Dom Lelong suppose que les abbesses se retirèrent à Fontaines, dans des fermes appartenant à l’abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache.
Et c’est en 1120 que Barthélémi, l’évêque de Laon, voulut y installer des Moines et chanoines, venant de Prémontré. Il leur accorda par une charte d’introduction, de larges libéralités.
L’abbaye de Bucilly fut relativement à l’abri des vicissitudes des guerres de l’époque. Il n’y a donc que peu de faits marquants pendant ces années.
L’abbaye de Bucilly prospère grâce aux nombreux dons qui lui sont faits
A sa création, l’abbaye est dotée des églises de Bucilly, Effry, Cuirieux et Harcigny, avec les villages et leurs dépendances ; l’autel de Neuve-maison, avec la dîme et la dot ; l’aleu donné par Adam de Hirson ; l’autel de Bruyères, avec la dîme entière et le territoire ; l’autel de Ohis et sa dot ; l’autel de Buires avec sa dot ; l’autel de Geny, avec la dot et ses dépendances ; l’autel de Martigny, moitié du territoire et des revenus ; le moulin de Fossa ; l’aleu de Lugny ; des prés et des terres à Any ; des prés, terres et bois de la ferme de Bobigni, sur la commune de Leuze ; le quart du territoire de Blicis ; un muid s’avoine sur l’église de saint-Michel ; à Froidmont les champs dits « près Saint-Pierre » avec le bois ; A Agnicourt, quelques champs ; l’autel de Luzoir, avec la dot ; à Neuve-Maison, le moulin sur l’Oise ; la dîme de Audigny, avec le tiers du terrage…
En 1187, Jacques, seigneur d’Avesnes, partant pour les croisades, donne à L’abbaye de Bucilly parcours libre de droits sur sa terre.
En 1220, même don par Roger, seigneur de Chimay.
En octobre 1271, Jean de Châtillon, comte de Blois et sire d’Avesnes, pour le repos de son âme et celle de sa femme Aalis, donne une rente de 20 blancs pour la pitance du couvent, payable à la Saint-Remy sur la taille et les bourgeoisies de Hirson et autres plus claires rentes….
Et en fait la liste est longue de ces libéralités, contenue dans le cartulaire de l’abbaye.
Louis XIV passa à Bucilly le 1er mars 1678, en se rendant en Flandre. C’est dom Frouart, un modeste religieux de la maison, qui fut chargé de le recevoir, en qualité de procureur de la maison. Louis XIV en conserva un excellent souvenir, et le nomma abbé en 1688. L’abbé fit alors totalement reconstruire la maison, profitant des libéralités du Roi.
Par la suite, c’est l’abbé Godart qui dota l’abbaye de Bucilly d’une richissime bibliothèque, qui contribua largement au renom de l’abbaye, et qui disparut ensuite totalement dans un incendie.
A la fin du XVIIème, l’abbaye possédant encore plus de 60 000 livres de rentes, et s’étalait sur deux diocèses : celui de Reims avec les paroisses de Havy, tarsy, Fligny, Signy-le-Petit, Brognon et Gland ; celui de Laon avec les paroisses de Neuve-Maison, Ohis, Martigny, Besmont, Luzoir, Effry.