Églises et collégiales
Le chœur est situé à l’est et approximativement en direction de Jérusalem. L’endroit est réservé aux moines/chanoines c’est pourquoi il est souvent séparé de la nef par un jubé. Le jubé est un édifice transversal fait de bois ou de pierre, plus ou moins travaillé, qui ferme le chœur du côté de la nef. Son nom vient de la formule : jube, domine, benedicere = veuille seigneur donner ta bénédiction. On trouve dans le chœur les stalles. Ce sont des meubles de fonction en bois où s’installent les religieux pour prier. Ces stalles sont parfois remarquables. Le maître-autel s’élève au fond du chœur il est très richement décoré. La sacristie est le lieu où se range les vêtements liturgiques et les objets de culte. S’y trouvaient également les précieuses reliques abritées dans des » fiertes » (de ferretum = objet métallique) ou châsses.
Le VII e siècle, temps des mérovingiens, est une période d’effervescence où de nombreuses abbayes s’installent sur le territoire. Le temps des carolingiens va les affermir et les unir autour d’une même règle, celle de Saint Benoît (VI e ). Le X e siècle sera source de décadence, il y aura un certain relâchement dans la foi et dans l’ordre, peu à peu les abbayes vont se dépeupler. L’année 919 voit une première réforme par Gérard de Brogne, un propriétaire terrien devenu moine. En 940 c’est une seconde vague irlandaise qui gagne nos contrées. Ces moines irlandais sont formés à la règle de Saint Benoît, ils seront chargés de réorganiser les abbayes comme à Saint Michel en Thiérache. Le XI e est un siècle de ferveur retrouvée, de retour à la vita apostolica : une vie austère, de pauvreté et d’éloignement (1098 Cîteaux et l’ordre des cisterciens). De nombreux seigneurs ont la volonté de faire revivre les abbayes. Le XI e connaît la réforme de Saint Vanne et un nouvel ordre canonial : l’ordre de Prémontré. Le XIII verra l’essor de mouvements féminins. Le mouvement des moniales est complexe, d’autant plus complexe que les temps sont très largement misogynes. Au XIV e qui connaît de nouvelles dégradations succèdent les XV e et XVI e qui s’accompagnent de nouvelles réformes.
Quelles sont les causes qui amènent ces périodes de « décadence » ?
En premier lieu les abbayes ont un grand besoin d’argent et de biens pour fonctionner et certaines en manquent. Les seigneurs et les princes qui » protègent » les monastères (c’est l’avouerie comme avoués) n’hésitent pas à faire des profits sur les biens monastiques et vont jusqu’à revendiquer des droits sur ces terres. Ainsi en 1332 les seigneurs d’Avesnes revendiquent des terres des moines de Liessies. De plus malgré cette » protection » les abbayes subissent les guerres avec leur cortège de pillages et de violence.
Autre cause de » décadence » est la » commende « , c’est à dire que se sont des laïcs ou des clercs qui sont chargés de l’administration. Ces personnes sont nommées, elles ne résident pas toujours sur place et reçoivent des revenus. Liessies et Lobbes se voient imposer des abbés étrangers au XIV e. La commende, les faits de guerre et les difficultés financières déstabilisent la vie commune et certains moines se constituent un pécule sur les revenus de l’abbaye ou sur les revenus de leur famille. Cela remettant en cause la règle de pauvreté et transformant le moine en personne individualiste. La réaction sera des réformes régulières au cours des siècles. Ces réformes seront menées par des personnages forts, citons l’exemple de Louis de Blois (1506-1566) ce jeune abbé de 24 ans sera nommé à la tête de l’abbaye de Liessies en 1530, il aura la lourde tâche de revenir à la règle de Saint Benoît, son » œuvre » perdurera jusqu’à la révolution française. Le XVIII e verra se multiplier les problèmes d’ordre politique et administratif qui mèneront à la confiscation des biens puis à la destructions des abbayes en 1790 pour la France et en 1796 pour la Belgique. On peut parler d’un renouveau au XIX e sans commune mesure cependant avec l’ère mérovingienne. Un prieuré s’installe à Scourmont (pays de Chimay-Belgique) en 1850 qui devient abbaye en 1871, ces moines appartiennent à la branche des trappistes. L’abbaye est porteuse d’un projet économique : la brasserie et le fromage, dont bénéficie toute la région. A Moustier en Fagne une communauté bénédictine de la branche olivétaine s’est installée en 1968 dans l’ancien prieuré.