La vie journalière de Jean PETRE, propriétaire des forges de SOUGLAND, vers 1640-1650. D’après la déposition d’un témoin oculaire : Jean Le Carlier
Jean Petre, propriétaire des forges de Sougland vers 1640-1650
«…Lequel fils, après son retour des guerres de la Valteline et Almagne, où il a porté les armes en sa jeunesse et mesme esté officier de cavallerye est venu habiter ledit pavillon (de Sougland) et continuer de faire travailler les forges et usinnes de feu son père et du depuis auprès d’icelui pavillon y a fait bastir une maison très considérable, icelle construite de briques et de pierres de thaille, couverte d’ardoises, environnée de grands fossés tout alentour, avec ung pavillon sur le porterye et pont levis, flancqué de tours qui se respondent et deffendeu de coings en coings poue la seureté de la dite maison qui est des plus forte de toute la frontière, bien fournye d’armes pour se deffendre, hors d’ insulte et en assurande contre les coups de main ; ce que les desposants scayt particulièrement pour avoir été plusiaurs fois en icelle maison et laquelle il a curieusement considéré, comme aussi tout le négoce du sieur PETRE qui est d’un très beau travail et dans lequel il employa parfois jusques au nombre de IIL ouvriers, lesquels ouvriers le desposant a pris plaisir de voir travailler tant au bois, fourneaux et autres usinnes, tous lesquels ouvriers, gens forts et robustes, lesquels travaillant avoient chacun près d’eux leurs armes, ce qui a donné sujet au desposant de s’informer d’euls pourquoy ils avoient ainsi leurs armes avec eulx , il lui répondirent que c’estoient l’ordre de Monsieur PETRE quy leur commandoit de la sorte pour estre toujours prêt de s’assemblait quand il leur ordonnait de s’assembler à lui pour charger et combattre les ennemis, lorqu’ils faisoient des courses ils avoyent souvent battus les ennemis et recouvré les prisonniers qu’ils amenoyent, dans lesquelles occasions le Sieur PETRE avait été blessé d ’un coup de fusil à travers du corps. A veu le dit desposant estant en la maison du Sieur PETRE, les officiers de La Capelle et Rocroy lui venir rendre visitte, avec lesquels ils estaient en grande amitié lui tesmoigner de la part des gouverneurs une grande estime de sa personne et veu en la dite maison plusieurs personnes en entrer et en sortir, quy venoient de quérir des grains, meubles et autres choses, qu’ils avoyent en la dite maison, parcequ’elle servoit de refuge et de retraite assurée à tout le voisinage et dans laquelle lors des alarmes la plupart du pays y cherchoit la seureté.
A ouy dire Elye et Toussaint RAVAILX, ses beau père et oncle et autres gens du pays dignes de foy qu’en la campaigne de la prise et la conqueste d’Arras par les armées du Roy Louis XIII que le dit PETRE avait fourni de ses forges et fourneaux des mortiers, bosmes, grenades, affus de canon et autres appareils de guerre à Messieurs de Villerey, grand maistre de l’artillerye et Mareschal de Chastillons, généraux des armées de France, et avoyct conduictz lui mesme et fait conduire las dits appareils de guerre en les camps…
Scayt de despposant pour l’avoir ouy dire dans la salle de Sieur de Beaupré (Lieutenant général de l’ armée) après la prise de Rethel (en 1653) que Monsieur de Thurenne, lors de la dite attalque de Chaulmont ayant eu advis dudit PETRE que les ennemys faisoyent advancer les troupes vers Rocroye et marchoient vers la frontière du païs de Liège. Il envoya ung courrier vers le dit PETRE avec un ordre de veir se joindre en ung lieu qui fut marqué pour delà le conduire et aller avec une grande partie de cavalerye quy fut destachée pour chercher et charger lesdites troupes ennemyes, lesquels sur l’advis de la marche de Monsieur de Thurenne se retirèrent dans ladite place. Fut aussi dit pour lors dans la salle dudit Sieur PETRE, qu’il l’avoyent veu, il y avait déjà longtemps, lorsque l’armée marchoit pour aller au secours de Rocroye siégé par les espagnolles (en 1642), lequel PETRE, par l’ordre de Monseigneur le Prince de Condé et de Monsieur le Maréchal de Casion estoit venux les joindre pour la marche de l’armée et avoir anmené quand à lui plus de cincq cens hommes tous armés de grand fusil et la plupart de pistolez de ceintures et que le jour de la bataille il avoit eu ordre de Monsieur de casion avec le Sieur de Villongue, abbé de Bucilly, quy avoit aussi amené du monde, de se joindre ensemble et leur fut donné rang et place en la dite bataille.»
Jean PETRE, propriétaire des forges de SOUGLAND, vers 1640-1650